Inside my head

Inside my Head

Il y a toujours eu un animal en chacun de nous.

Au fond de moi j’ai toujours pensé être différente. Nous le sommes tous, mais je me pensais exceptionnelle, unique au monde. J’ai remarqué bien plus tard qu’être différent ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour vivre. Le monde n’aime pas la différence, si vous n’entrez pas dans le moule vous êtes condamnés à vivre en paria.

Je me croyais folle. Parfois je me rassurais en me disant que j’étais fatiguée, que le manque de sommeil troublait mes sens. J’entendais une voix, une voix bien distincte dans ma tête. Ce n’était pas n’importe quelle voix, c’était la mienne, mais plus suave et terriblement envoutante. Parce que cette voix ce n’est pas ma conscience, ce n’est pas mon imagination, ce n’est pas une tumeur cérébrale qui me fait divaguer… c’est elle, c’est moi. En vous annonçant tout ça ainsi vous me prendrez sûrement pour une schizophrène, je ne vous en veux pas. Mais c’était pourtant bel et bien vrai, je n’étais pas schizo et cette voix en moi se montrait de plus en plus forte de jour en jour. Parfois j’aurais préférée être malade, être une schizophrène, me retrouvée bourrée de médocs et enfermée. Elle me confiait ses désirs macabres, ses envies de parcourir le monde, de rencontrer ses semblables, de tuer… C’était surtout ce dernier désir qui la fascinait, tuer. Ceci étant, à chaque fois que je croisais quelqu’un elle me hurlait presque dessus pour que j’agisse, pour que je fasse violence et que -de surcroît- j’agisse comme une cannibale.

J’avais peur, je voulais qu’elle se taise, je voulais qu’elle me laisse en paix et je voulais comprendre. Et puis un jour plus rien. Je ne l’ai plus entendue, disparue, envolée ma moitié avide de chaire fraîche. Je me croyais sortie d’affaire, seulement elle est revenue. Je ne l’ai pas entendue, je l’ai sentie. Sentie comme l’on sentirait une main sur notre épaule, sentie comme l’on sentirait notre estomac se tordre de faim. Son cœur battait au rythme du miens, son sang chaud coulait dans mes veines et je sentais sa faim. Je ne l’entendais plus, j’étais devenue elle. Je n’étais pas devenue une autre femme, et ça je l’ai sût lorsqu’elle m’a montrée, j’étais devenue autre chose. Elle guidait mes pas, mes pensées, mes idées, tout mon être. Et face au miroir c’est avec effroi que je ne me vis pas moi mais ça. Mes yeux n’étaient plus mes yeux, mes mains n’étaient plus des mains, et mon corps… Je n’étais plus humaine mais animale. Ne voyez pas là une simple métaphore, c’était bel et bien vrai. Je n’étais plus Jenna Wickham pauvre humaine mais Jenna Wickham carcajou. Et lorsque ce jour arriva, ce fut la dernière fois que j’entendis sa voix. Elle n’était plus là, elle ne me guidait plus, nous ne faisions plus qu’un.

J’ai fais des choses abominables. J’ai pris des vies pour me nourrir et je ne pouvais agir, juste hurler au fin fond de mon être de tout arrêter mais rien n’y faisait. Je finissais par m’épuiser et me réveiller sous ma forme humaine. Je ne contrôlais rien, je devais me cacher, éviter les autres. Je vivais un enfer. Et puis j’ai reçu une lettre, à mon nom, écrite à la main qui allait surement me sauver de ce terrible cauchemar.

Cher Mlle Wickham,

Nous avons l'honneur et le privilège de vous annoncer que vous avez dès à présent votre place dans notre école Transformer's School. Grande université, située idéalement et comprenant toutes les matières que vous désirez étudier, vous ne saurez trouver meilleure place pour vos études. Dans notre école, vous y retrouvez des jeunes comme vous, qui partagent ce que vous vivez actuellement. Car vous n'êtes pas seule. Des dizaines de jeunes sont à présent comme vous, présentant ce don fabuleux qui vous a été offert par un miracle encore inexpliqué. Vous vous posez des questions, nous vous y répondrons tout au long de votre cursus scolaire. Ne vous sentez pas différent, ne vous excluez pas, vous faites partie de cette communauté à présent. Vous apprendrez à contrôler ce don pour vous permettre de mieux le vivre, jour après jour. Vous pourrez enfin partager vos ressentis avec ceux qui sont comme vous. N'attendez plus, rejoignez l'école, assurez vos études dans un cadre sécurisé ou vous apprendrez enfin l'origine de ce don et comment parfaitement le maîtriser.

Je vous joins le plan pour rejoindre Transformer's School. N'oubliez pas cette lettre qui est le laisser passer pour franchir les portes du campus.

Bien Cordialement, votre futur Proviseur.

L’endroit est magnifique, il n’y a accès à cette île qu’en bateau. Le trajet, bien que houleux, était super. Débarquer sur cette île vous donne l’impression de débarquer dans un paradis. Pendant un moment j’ai cru à une blague, en faite j’avais un gagné un concours pour des vacances ? Mais après avoir parcourus plusieurs kilomètres de forêts, de champs et de paysages splendides l’on débouche sur une ville pleine de charme. Pendant le trajet ils nous expliquaient les lieux que l’on pouvait fréquenter et ceux que nous devions éviter. Il y avait au loin des ruines et des bâtiments délabrés, il nous est interdits d’y aller, il parait que des gens vivent là bas. Ce sont les Exilés. Mais je dois avouer que je n’y ai pas trop réfléchi, j’avais tellement hâte d’arriver dans cette université, de voir des gens comme moi. Y en avait-il beaucoup ? Allais-je vraiment contrôler ce don comme il nous le confiait dans la lettre ? Enfin le campus se dessinait sur l’horizon. Mon dieu, ils appelaient ça un campus ? Avec plages à gogo, parcs, piscines et compagnie ? J’allais me plaire ici. Finalement, si ça marche, je veux bien être différente. J’espère que vous recevrez cette lettre vous aussi et que vous viendrez.

Non, n'y allez pas... fuyez... il ne faut pas... ce n'est pas ce que vous croyez !

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